Une belle dame
La première fois que je suis venue dans cette maison, nous n'étions pas encore mariés, c'était lors d'un trajet nous menant vers le Sud, pour une régate, encore. Je fis alors la connaissance de la grand-mère de mon mari, qui y habitait 6 mois de l'année, et qui avait pris le temps de nous préparer un joli dîner malgré le peu de temps que nous lui avions laissé après notre appel. Je me souviens d'une tarte aux pommes achetée à la boulangerie du village et qui avait bien failli la perdre déjà. Peu de temps après, cette dame si discrète, ne pouvait plus revenir dans sa maison, la mémoire lui jouant sérieusement des tours.
Nous y revenions plus tard avec tous nos bagages et un enfant, quittant La grande ville et nous y installant provisoirement pour finalement avoir la chance de pouvoir y rester. Et nous primes nos habitudes dans une maison pleine de l'âme de sa propriétaire, que je connaissais peu mais que j'appris à connaître grâce à tous les trésors laissés. Une maison loin d'être vide, avec ses meubles mais aussi des livres, des malles de vêtements du début du siècle soigneusement pliés dans du papier de soie, des tissus, et aussi deux petits meubles à tiroirs remplis de bobines de fils, rubans, aiguilles, petits ciseaux accumulés depuis des années, et qui font mon bonheur. J'ai beaucoup pesté au début, ne me sentant pas chez moi avec ses placards plein de vieilleries. Il y a eu des séances de tri. Il en reste encore, mais je reste admirative de la méthode avec laquelle tous ces bouts de ficelle, ces rubans, ces boutons ont été rangés et ne le sont déjà plus.
J'aurais voulu qu'elle me raconte l'histoire de cette maison mais les souvenirs étaient déjà trop loin. C'est un peu l'esprit de Mamie, puisque Y l'appelait ainsi qu'il nous reste, cette belle dame si droite, qui porta sa tenue de service toute sa vie d'épouse et de mère, qui même sans mémoire aucune à la fin de sa vie, avait toujours un gentil mot, nous remerciant de notre visite, nous qu'elle ne reconnaissait pas.